Pentecôte. © Jen Norton, 2020. Acrylique sur panneau de bois, 50,8 x 40,6 cm.
Collection privée (image utilisée avec permission).
La Pentecôte au cœur de la vie ordinaire
Hélène Pinard et Hélène Boudreau | 13 février 2023
La Pentecôte (cinquante) nous accompagne dans l’ordinaire de la vie. Dans l’année liturgique, elle termine le temps de Pâques et nous lance dans le temps de la mission en compagnie de l’Esprit du Seigneur, c’est-à-dire durant tout le temps liturgique ordinaire.
Il vaut la peine d’ouvrir la Bible et de relire comment Luc raconte cet événement. En reprenant le texte pas à pas, des questions, des images, des étonnements montent en nous :
- un violent coup de vent
- des langues de feu qui se séparent
- une parole comprise par tous les gens présents, venus de différents milieux
- un long discours de Pierre qui donne une nouvelle compréhension de l’événement mort et résurrection de Jésus
- 3000 personnes se joignent à eux
- la communauté en prière après l’arrestation de Pierre et Jean revit cette expérience (4,31).
- chez Corneille, pendant le discours de Pierre, l’Esprit-Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole (10,44-48).
- les disciples restés sur place après que Paul et Barnabé furent chassés d’Antioche de Pisidie (13,52).
Des individus reçoivent ce don :
- Pierre, rempli d’Esprit-Saint, fait un discours devant le peuple réuni (4,8ss).
- Étienne, rempli d’Esprit Saint, est choisi parmi les diacres (6,5 ; 7,55).
Bien d’autres chrétiens au cours des siècles ont vécu cette expérience et ce, jusqu’à nos jours.
La transmission du récitatif de la Pentecôte
L’apprentissage de cette péricope en récitatif biblique permet aux récitants, chevronnés ou non, de relire les expériences de Pentecôte dans leur histoire, dans l’ordinaire de leur vie. La mélodie et les gestes contribuent à cette intégration par une participation active du corps. Les langues de feu, Paroles de Dieu qui donnent sens, s’intègrent au quotidien de chacun.
L’intégration personnelle du récitatif permet de vivre cette expérience intense et intime de l’Esprit de Dieu, Souffle qui nous remplit. Nous comprenons mieux la mission et les choix pour la vivre qui s’ouvrent à nous. On peut souhaiter que chacun fasse mémoire de ces Pentecôtes personnelles et puisse en témoigner.
La Pentecôte débouche sur une mission, une transmission. Elle donne la force de sortir vers les autres et leur transmettre la Bonne Nouvelle de manière à les rejoindre dans leur propre expérience.
Hélène Pinard, FCSCJ, est bibliste et transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique. Hélène Boudreau est aussi transmetteure de l’Association.
Comprendre des symboles tirés de l’Ancien Testament
À plusieurs endroits dans la Bible, l’image du vent illustre l’action de Dieu. Lors du passage de la mer Rouge, un fort vent d’est repoussa les eaux (voir Ex 14,21). Un vent envoyé par le Seigneur se lève sur la mer et les cailles s’abattent sur le camp des hébreux (Nb 11,31). Élie fait l’expérience de Dieu sur la montagne dans une brise légère, une voix de fin silence (1 R 19,12). Et bien sûr, « le souffle d’un violent coup de vent » (Ac 2,2), à la Pentecôte.
Le symbole des langues de feu est aussi très évocateur. Dans la Genèse, une torche de feu passa entre les carcasses d’animaux sacrifiés divisés en deux confirmant l’Alliance entre Dieu et Abraham (Gn 15,17). Le feu est présent dans la scène du buisson ardent (Ex 3,2). Une colonne de feu guide le peuple hors d’Égypte (Ex 13,21), etc.
L’expression langue de feu utilisée pour exprimer la présence du Souffle en chacun est très « parlante ». À noter que le même mot grec, « glossai », est employé pour décrire la manifestation divine (langues de feu) au verset 3 et repris au verset 8 : « Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle? » Les langues de feu (Paroles de Dieu) illuminent le sens des événements mort/résurrection. Chacun reçoit ce don selon qui il est : une Parole adaptée à lui, à son besoin, à sa mission.
Donner un sens à l’incompréhensible
L’auteur des Actes des Apôtres situe au cœur des fêtes juives le retournement intérieur des apôtres et des disciples suite au choc de la mort de Jésus. Il fallait donner un sens à cet événement. « Alors (Jésus) ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. » (Luc 24,45) Ils peuvent aller plus loin que la loi édictée dans le Deutéronome où « le pendu est une malédiction de Dieu » (Dt 21,23).
La fête juive commémore l’accomplissement des sept semaines qui séparent la mise en terre du grain et la moisson. Le grain tombé en terre doit mourir (Passion de Jésus) pour porter du fruit jusqu’au mûrissement et à la moisson (Pentecôte). De cette réalité agricole s’est dégagé le sens de la mort/résurrection. La force de l’Esprit expérimentée donnera l’audace de témoigner : tous comprendront dans leur langue maternelle le message de Pierre, d’Étienne, de Philippe, de Paul… Et le grain semé en terre portera du fruit.
À l’exemple des disciples, quiconque reçoit l’Esprit Saint annonce avec courage et confiance la Bonne Nouvelle : « Christ est mort (...) et ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures » (1 Co 15,3). Le jour de la Pentecôte, devant la foule rassemblée (Ac 2,6), Pierre, rempli de l’Esprit, relit les Écritures (Ac 2,14-36). « Le cœur bouleversé d’entendre ces paroles, ils demandèrent à Pierre (…) Que ferons-nous frères? » (Ac 2,37).
Plusieurs Pentecôtes
Le livre des Actes des Apôtres mentionne différentes expériences de Pentecôte :