La fête de la Saint-Jean. Jules Breton, 1875. Musée des beaux-arts de Philadelphie (Wikipedia).
Les feux de la Saint-Jean
Sylvain Campeau | 17 juin 2019
Les feux de la Saint-Jean-Baptiste sont un élément important des festivités de notre fête nationale. Même si leur origine provient d’anciennes fêtes païennes, est-ce possible d’y voir un sens chrétien en explorant la symbolique du feu et en relisant les textes évangéliques qui nous parlent du Baptiste?
Une fête liée au solstice d’été
Les fêtes agraires entourant le solstice d’été remontent à l’Antiquité et étaient marquée par le culte du soleil. En Syrie et en Phénicie par exemple, le solstice estival donnait lieu à une grande fête en l’honneur de Tammuz, la forme sémitique de Dumuzi, dieu mésopotamien de la végétation. La fête étant liée au culte solaire, on allumait des feux de joie et cette coutume est demeurée jusqu’à aujourd’hui.
Comme plusieurs coutumes populaires, cette fête agraire a été intégrée au calendrier chrétien ; elle est associée à la figure de saint Jean-Baptiste. Une autre fête semblable, entourant le solstice d’hiver, a aussi été intégrée au même calendrier : Noël, où l’on célèbre la Nativité du Seigneur. Cette fête est aussi d’origine païenne et liée au culte solaire.
Le précurseur du Messie
En relisant les évangiles, je me demandais s’il est possible de trouver un texte sur Jean le Baptiste qui fait référence au symbolisme de la lumière. On ne trouve rien chez les synoptiques mais on peut lire ce verset dans le quatrième évangile :
Jean était une lampe qui brûle et qui luit ; et vous avez voulu vous réjouir pour un temps à sa lumière. (Jean 5,35)
Dès le début de son Évangile, Jean nous dit que le Baptiste n’était pas la lumière et que son rôle était de « témoigner au sujet de la lumière » (1,8). Cette idée du témoignage et la reprise du symbolisme de la lumière reviennent au chapitre 5 dans le verset cité plus haut. Ce verset affirme, comme les synoptiques, que Jean prépare la venue du Messie en s’appuyant toutefois sur un texte du livre des Psaumes plutôt qu’en le comparant à la figure d’Élie. Notre verset fait allusion à ce passage : « Là, je susciterai une lignée à David, une lampe pour mon Messie » (Ps 132,17). Jésus, selon la généalogie de Matthieu (1,1-17) est de la lignée du roi David et le Baptiste, dans ce passage du quatrième évangile, est une lampe ou celui qui prépare la venue du Messie davidique.
Je le reconnais, Jean 5,35 ne fait aucune allusion au solstice d’été et la lumière dont il est question n’a rien d’un grand feu de joie comme on en allume à la Saint-Jean. Mais le symbolisme de la lumière dans l’Évangile selon Jean et le lien étroit qui unit le Baptiste et Jésus autorise, il me semble, la lecture proposée plus haut. Devant le prochain feu de la Saint-Jean, je penserai à ce passage du quatrième évangile qui rappelle le témoignage du Baptiste.
Diplômé de l'Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.