(photo : PxHere)
Le murmure d’une brise légère
Sylvain Campeau | 22 octobre 2018
Au mois de septembre dernier, dans la région de Gatineau au Québec, des vents violents ont détruit ou endommagé plusieurs résidences du quartier Mont-Bleu. Parler du vent dans la Bible après cette série d’événements pourrait être perçu comme un manque de sensibilité envers les sinistrés. Mais notre propos ne cherche pas à suggérer un quelconque lien entre ces événements et la volonté divine. Au contraire…
C’est au niveau du langage symbolique que je veux aborder l’image du vent en partant d’un passage de la Bible hébraïque (ou l’Ancien Testament si vous préférez). Le Premier livre de Rois contient un très beau passage où on met en parallèle le passage de Dieu devant Élie et une série de phénomènes naturels violents.
Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le Seigneur : voici, le Seigner va passer. » Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y un feu; le Seigneur n’était pas dans le feu. Et après le feu, le bruissement d’un souffle ténu. Alors, en l’entendant, Élie se voila le visage avec son manteau; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. (1 Rois 19,11-13)
Élie se trouve sur la montagne de Dieu, l’Horeb, un lieu propice pour rencontrer le Seigneur. Alors qu’au chapitre précédent, le Seigneur a manifesté sa présence et son action par le feu lors du sacrifice du Carmel (1 Rois 18), dans ce passage, c’est par le « bruit du silence » que le prophète le reconnaît. L’action de se couvrir le visage indique clairement que le prophète reconnaît la présence de son Dieu : dans la Bible hébraïque, aucune créature ne peut voir Dieu face à face (Ex 33,11 est la seule exception).
Il faut rappeler que l’épisode du Carmel mettait en compétition le prophète du Seigneur et ceux de Baal, le dieu de l’orage. Le récit met donc en opposition le silence de Dieu et les grondements de Baal. Et cette brise légère n’est pas sans rappeler le souffle planant à la surface des eaux du premier récit de la création (Gn 1,1).
Cette expérience du silence de Dieu par le prophète rejoint notre propre expérience. La rencontre de Dieu se produit rarement dans le tumulte de nos vies souvent agitées. Il faut plutôt se retirer dans un lieu propice et accueillir le « bruit du silence » car c’est dans cet environnement qu’il est possible de reconnaître la présence du Seigneur, c’est dans cette tranquillité que Dieu nous recrée, qu’il nous donne le souffle nécessaire pour surmonter les épreuves qui entravent nos vies.
Diplômé de l'Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.