Le lion ailé de saint Marc. Mosaïque de l’église des saints Manuel et Benito à Madrid (photo © sedmak / 123RF).
Le lion et l’évangéliste Marc
Sylvain Campeau | 12 novembre 2010
La tradition chrétienne a rapidement identifié les évangélistes aux « quatre vivants » de la vision du prophète Ézéchiel. C’est pour cette raison que les évangélistes sont souvent représentés ou accompagnés par le symbole qui leur est associé : le lion pour Marc, l’homme ou l’ange pour Matthieu, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean.
Le lion dans la Bible
À l’époque du Premier Testament, le lion (leo persicus) circulait en Palestine, surtout dans le voisinage du Jourdain. Il hantait les taillis (Jr 49,19) d’où il surveillait les troupeaux (1 S 17,34ss ; Is 11,7 ; 31,4 ; Am 3,12). À l’époque romaine, le lion devient plus rare et il a complètement disparu de la région à l’époque des croisades. On trouve une belle reproduction du félin sur le célèbre sceau de Shéma (voir ci-contre).
La force du lion est reconnue (Jg 14,18 ; 2 S 1,23 ; Pr 30,30) et l’on compare parfois les personnages puissants au lion. Dans la Bible, le lion évoque le messie (Ap 5,5) et le roi (voir 1 R 10,19). L’association du lion à l’évangéliste Marc repose toutefois sur la vision du prophète Ézéchiel (1,1-14) qui décrit les « quatre vivants », une image que l’on retrouve chez d’autres peuples du Proche-Orient ancien.
La tradition chrétienne
Ce sont les pères de l’Église qui ont consacré l’association des quatre symboles avec les évangélistes. Ils se basaient sur la vision d’Ézéchiel (1,1-14) déjà évoquée et sur un passage de l’Apocalypse (4,7-8). Irénée de Lyon (vers 180) a sans doute été le premier à faire l’identification en associant toutefois l’aigle à Marc et le lion à Jean. L’association des symboles telle qu’elle s’est imposée dans la tradition provient de Jérôme (348-420). Son explication repose sur le raisonnement suivant : l’homme ou l’ange est attribué à Matthieu parce que son évangile commence avec une généalogie (Mt 1,1-17) et se poursuit avec les récits d’enfance où les anges interviennent à plusieurs reprises. Le lion est associé à Marc parce que son récit de Jésus le Christ (ou messie) s’ouvre avec un passage prophétique évoquant « une voix qui crie dans le désert » (Mc 1,3) ; Jérôme associe cette voix au rugissement du lion. Le taureau, animal sacrificiel par excellence, représente l’évangéliste Luc à cause du sacrifice de Zacharie au Temple que l’on retrouve au début de son évangile (Lc 1,5-25). L’aigle qui atteint aisément le sommet des montagnes représente bien l’évangéliste Jean car son œuvre est considérée comme le plus spirituel des évangiles.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.