(Jassim Shanavas / Unsplash)
Chameau
Sylvain Campeau | 23 janvier 2023
Hébreu : gamal
Arabe : djimal
Grec : kamelos
Même si l’animal est considéré comme impur dans la Bible hébraïque (Lv 11,4 et Dt 14,7), le chameau est très présent dans les récits qui concernent les patriarches. Les auteurs de la Bible confondent la bête à une bosse (camelus dromedarius ou dromadaire) et celle à deux bosses (camelus bactrianus ou chameau). Et c’est probablement le dromadaire que le texte hébreu désigne par gamal car les tribus arabes ont commencé à l’utiliser comme bête de somme très tôt dans l’histoire.
Dans la sensibilité orientale, le chameau représente la force mais pas spécialement le mauvais caractère. D’immenses caravanes de chameau arrivant à Jérusalem seront les signes de sa grandeur (Is 60,6). [1]
L’animal est typique des zones désertiques et il a été utilisé dans l’Antiquité pour le transport des marchandises, comme monture, pour son laitage et sa viande. Son poil servait à fabriquer des toiles de tente et des étoffes rugueuses pour la confection de vêtements comme celui de Jean le Baptiste (voir Mc 1,6 ; Mt 3,4).
Les patriarches et les chameaux
Dans les récits patriarcaux, le chameau est mentionné comme bête de somme (Gn 24,10 ; 37,25) ou comme monture (Gn 24,61 ; Is 21,7). Mais comme l’explique Israël Finkelstein, la présence de chameaux dans ces récits est probablement un anachronisme : « L’archéologie révèle que le dromadaire ne fut pas domestiqué avant la fin du IIe millénaire et qu’il ne commença à être couramment employé comme bête de somme au Proche-Orient que bien après l’an 1000 av. J.C. [2] »
La présence des chameaux dans ces récits est donc un indice de la période de rédaction (du moins de la rédaction finale) de la saga patriarcale. Cet anachronisme, et plusieurs autres indices, permettent à l’archéologue israélien de situer l’époque de composition de ces récits autour des 8e et 7e siècles avant notre ère.
Jésus et les chameaux
Dans son enseignement, Jésus a utilisé à deux reprises l’image du chameau.
« Je vous le dis de nouveau : il est plus facile à un chameau d’entrer par un trou d’aiguille à coudre qu’à un riche d’entre dans le Royaume de Dieu. » (Mt 19,24)
« Guides aveugle, vous qui filtrez le moucheron et qui avalez le chameau! » (Mt 23,24)
Dans le premier cas, on doit comprendre qu’il est impossible à un riche d’accéder au royaume des cieux. Le Royaume est réservé aux petits et les riches, avec tous les biens qu’ils ont amassés, sont trop « gros » pour y entrer. L’image frappe l’imagination et prépare la question du verset 25 : « Qui donc peut être sauvé? »
Dans le deuxième cas, Jésus apostrophe les scribes et les pharisiens en citant un proverbe. Il leur reproche d’accorder beaucoup trop d’importance à des détails et d’oublier l’essentiel de la Loi : « la justice, la miséricorde et la fidélité ».
Et si vous me dites que j’oublie la présence des chameaux du récit de la visite des mages, je vous invite à relire attentivement Matthieu 2,1-12. Les chameaux y sont absents, comme l’âne et le bœuf qui n’apparaissent pas dans les récits canoniques de la nativité de Jésus…
Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.
[1] L. Monloubou et F.M. Du Buit, Dictionnaire biblique universel, Anne Sigier, 1985, p. 112.
[2] Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie, Bayard, 2002, p. 51.