Collines de Samarie (alefbet / 123RF)
Samarie
Sylvain Campeau | 22 novembre 2021
Hébreu : Somrôn
Grec : Samareia
Le nom de Samarie désigne d’abord une ville – qui a été la capitale du royaume du Nord – et ensuite une région. Dans cet article, nous allons nous concentrer sur la région montagneuse qui en vient à désigner un pays ou une province (Samerina) après la conquête assyrienne en 721 avant notre ère (voir 2 R 17,26), les Assyriens ayant l’habitude de désigner une province par le nom de sa capitale.
Les frontières de la Samarie ont changé au cours de l’histoire mais le territoire a toujours compris les « montagnes de Samarie » (Jr 31,5). Ce territoire s’étend de la frontière de la Judée au sud à la plaine de Yizréel (ou Esdrelon en grec), en basse Galilée. À l’est, le Jourdain est la frontière naturelle et la limite occidentale est la bordure de la plaine côtière jusqu’à la première révolte juive.
Cette région centrale de l’ancienne Palestine au relief montagneux est couverte de terra rossa et reçoit des pluies assez abondantes. Ces conditions sont favorables à l’agriculture (orge et blé), aux plantations (olives et vignes) et à l’élevage et lui donne un avantage sur la Judée. La région est aussi reconnue pour ses forêts de chênes, de pins et de térébinthes.
Après la conquête assyrienne et la déportation d’une partie de la population, des colons de Babylonie s’installent dans les villes de Samarie. Ce brassage ethnique causera des tensions lorsque les déportés de l’autre royaume (Juda) reviendront d’exil. Sous l’Empire babylonien, Juda fut annexé à la Samarie. À l’époque perse, lors du retour des exilés, le gouverneur de Samarie s’opposa à la reconstruction de Jérusalem et au partage de son territoire. Mais la séparation survint sous Néhémie malgré les résistances du gouverneur et de ses alliés (voir Ne 4,1-9 et 6,1-14).
À l’époque hellénistique, on observe le mouvement inverse : après la conquête de Sichem et de Samarie par Jean Hyrcan Ier, la Samarie est intégrée à Juda. Et c’est dans la foulée de cette conquête que le sanctuaire samaritain du mont Garizim est détruit. L’animosité entre Juifs et Samaritains atteint alors son sommet et elle demeure à l’époque romaine comme on peut le lire dans les évangiles (voir Jn 4,9 ; 8,48).
À l’époque romaine, Pompée rattache la Samarie à la province de Syrie (63) ; Auguste la confie à Hérode le Grand (30). Son fils Archelaüs la reçoit en héritage jusqu’à ce qu’il soit exilé en 6 de notre ère. La région est alors sous le contrôle de procurateurs romains, sauf durant le court règne d’Agrippa Ier (41-44).
Pendant la période romaine, un autre événement vient accentuer les tensions entre Juifs et Samaritains : « La fondation de Neapolis par Vespasien entraîne l’installation de colons étrangers. Le monnayage de la ville où figurent empereurs et divinités du panthéon gréco-romain atteste son caractère païen. » [1] Ce type de monnayage contraste avec ce que l’on retrouve en Judée où les Romains ont évité de telles représentations pour éviter de heurter la foi des Judéens.
Dans les évangiles, un seul passage illustre le passage de Jésus et ses disciples en Samarie : c’est le long entretien de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4,1-42). Dans l’évangile selon Matthieu, il semble faire un détour « au-delà du Jourdain » pour éviter le territoire de la Samarie (voir Mt 19,1). Par contre, après sa résurrection, ses disciples iront partout proclamer la Bonne Nouvelle sous l’impulsion de l’Esprit : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8 ; voir aussi 8,4-25 ; 9,31 et 15,3).
Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.
[1] Caroline Arnould-Béhar, La Palestine à l’époque romaine, Paris, Les Belles Lettres, 2007, p. 50.