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Phylactères
Sylvain Campeau | 9 novembre 2020
Hébreu : tefillîn
Grec : phulaktéria (phulaktérion au singulier)
Les passionnés de bandes dessinées savent bien ce que sont les phylactères : des bulles dans lesquelles on peut lire les paroles des personnages. Dans la Bible, ils désignent un genre d’amulette et ont une fonction semblable car ils font référence à la parole de Dieu.
Selon son étymologie grecque, le phulaktérion désigne un avant-poste, une fortification et, par analogie, une amulette. On peut penser que les Israélites de l’époque de Jésus qui en portaient se plaçaient sous la protection divine car les phylactères sont des petits sachets de cuire qui contiennent des passages de la torah.
Le noyau de ces textes correspond aux passages suivants : Exode 13,1-10 ; 13,11-16 ; Deutéronome 6,4-9 et 11,13-21. La coutume de porter les phylactères repose sur une interprétation littérale de ce passage : « Pour ne pas les oublier [les commandements], tu les attacheras sur ton bras et sur ton front... » (Dt 6,8 ; voir aussi 11,18 ; Ex 13,9.16)
Cette coutume est très ancienne et elle est attestée à Qumrân. On y a découvert plusieurs phylactères et les textes correspondent grosso modo au noyau évoqué plus haut avec quelques variantes. Le professeur Lawrence Schiffman (Université Yeshiva, New York), expert du judaïsme du Second Temple, disait au sujet de la découverte de plusieurs phylactères en 2014 : « De mon point de vue, le plus important dans tout cela est qu’il existait des téfillines il y a plus de 2100 ans [1]. »
Selon l’évangile de Matthieu, Jésus reproche aux pharisiens de démontrer leur piété en portant des phylactères très visibles et de longues franges (23,5). Les franges font ici référence au châle qui accompagne les phylactères comme on peut le voir sur la photo plus haut. On comprend que son reproche concerne l’attitude des pharisiens et non les phylactères eux-mêmes.
Ces objets sont encore utilisés par la communauté juive aujourd’hui. Les hommes et les garçons les enroulent autour de leur bras gauche et de leur front pour se préparer à la prière du matin. On peut y voir une supplication pour que Dieu inspire les pensées et les actions du croyant.
Diplômé de l’Université de Montréal, Sylvain Campeau est bibliste et responsable de la rédaction.
[1] L. Schiffman dans une entrevue accordée au Times of Israël. Article consulté le 8 octobre 2020.