Bas-relief en pierre marbrière Nembro représentant le lion de saint Marc, symbole de la ville de Venise.
Provenance : Venise, seconde moitié du XVe siècle ; H. 100,5 × L. 141 × E. 14,8 cm (marché des arts).
Le Jésus de Marc
Jean-François Gaumond | 10 avril 2015
J’ai lu à plusieurs reprises que Marc est le premier évangile à avoir été écrit. Quelle est l’image de Jésus qu’il transmet? (Anonyme)
Les évangiles permettent d’avoir une idée sur les enseignements et sur la vie de Jésus. À proprement parler, ces écrits ne sont pas des recueils de données historiques. Les évangiles sont des récits orientés vers une visée théologique. L’Évangile selon Marc est en effet le premier évangile à être écrit. Voici Jésus, comme l’envisageait Marc [1].
Jésus, messie et fils de Dieu
Marc entreprend son évangile en décrivant Jésus comme étant le Christ, Fils de Dieu annoncé par Isaïe (Mc 1,1-2). Malgré que Marc dévoile très tôt le messianisme de Jésus, les personnages du récit, eux, ne le découvrent qu’au cours de la narration. Pour l’évangéliste, Jésus tient son autorité de Dieu. Étant le Fils de Dieu, il est légitime qu’il soit le roi du Royaume de son père. L’autorité de Jésus n’est jamais mise en doute par l’auteur qui, à 16 reprises, qualifie Jésus de rabbi (ou rabbouni) qui signifie « maître ». La filiation divine de Jésus est attestée à quelques reprises aux endroits clés de la narration. À deux reprises Dieu reconnaît en Jésus son fils : au baptême (1,11) et à la transfiguration (9,7). La Transfiguration est un parfait sommaire de la christologie de Marc : la présence de Moïse et d’Élie confirme la lignée prophétique de Jésus (Mc 9,4), alors que la voix céleste montre sa supériorité messianique et sa filiation divine (Mc 9,7). Jésus se reconnaît lui-même comme Christ (Mc 9,41; 12,35; 13,21-22). D’autres personnes viennent confirmer le fait qu’il soit le Messie, telles que Pierre et le centurion romain, ce qui incite le lecteur à reconnaître, lui aussi, la messianité de Jésus et sa filiation divine.
Jésus, prophète enseignant guéri et critique
Marc décrit Jésus comme un enseignant, charismatique et de grande renommée. Ses miracles, ses guérisons et ses gestes symboliques servent de preuves pour montrer qu’il est un envoyé de Dieu. Les actions de Jésus rejoignent celles des autres grands prophètes d’Israël. Certains miracles rappellent les actions d’Élisée : la purification d’un lépreux (Mc 1,40-45; 2 R 5), la multiplication des pains (Mc 6,30-44; 2 R 4,42-44) et la résurrection de la fille de Jaïros (Mc 5,35-43) qui s’apparente à la résurrection du fils de la Shounamite (2 R 4,18-37).
Les enseignements de Jésus sont souvent sous forme de paraboles, une forme de discours qui révèle la vérité aux justes, mais qui la cache à ceux qui n’en sont pas dignes. Jésus s’adresse ainsi aux disciples et à la foule par les paraboles. D’ailleurs, Marc utilise une parabole pour décrire l’action de Jésus. Pour l’auteur, Jésus est le semeur de la parole de Dieu.
Son enseignement n’est pas comme celui des scribes ou des pharisiens. Il parle avec autorité et livre un enseignement nouveau qui semble subversif pour l’ordre religieux établi. Il demande la conversion et l’engagement à tous ceux qui veulent le suivre. Selon Marc, Jésus a le droit de critiquer l’agir des autorités religieuses et politiques qui dominent et malmènent les pauvres. Marc insiste sur l’opposition de Jésus aux différentes manifestations du pouvoir religieux qui lui apparaissent excessives. Que ce soit les pharisiens ou encore les autorités sacerdotales du Temple et du Sanhédrin, Jésus n’épargne personne.
Jean-François Gaumond est professeur d'Éthique et culture religieuse à Mont-Joli (Québec).
[1] Les réflexions de cet article s’inspirent du livre de Guy Bonneau, Le récit de Marc. Commencement de l’Évangile de Jésus (Connaître la Bible 18), Bruxelles, Lumen Vitae, 2000, p. 8.