chronique du 3 octobre 2008 |
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Pourquoi ces quatre évangiles?Comment a-t-on fait pour choisir les quatre évangiles que nous connaissons? (Jean) Les premières communautés chrétiennes ont progressivement acceptés les quatre évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean) comme leur règle de foi [1]. On reconnaît, par ailleurs, qu’il y a avait plusieurs autres évangiles en circulation à l’époque du christianisme ancien, des évangiles tels : l’Évangile selon Thomas, l’Évangile de Judas, l’Évangile de Marie, etc. Pour certains Pères de l’Église, leur contenu ne correspond pas à ce que l’on croie être l’enseignement de Jésus et des apôtres. Le danger que représentaient ces évangiles pour certains dirigeants chrétiens aurait forcé en quelque sorte la mise en place de listes canoniques, aidant les croyants à distinguer entre les textes recommandés et ceux qui devaient être rejetés. En consultant les Pères de l’Église ainsi que les liste canoniques à notre disposition, on vient à identifier trois critères ayant contribué à l’établissement progressif d’un « canon » du Nouveau Testament, et ainsi du choix des évangiles eux-mêmes : (1) le texte devait compter parmi les plus anciens témoins de l’enseignement de Jésus et des apôtres; (2) le texte devait être écrit par un des apôtres; (3) le texte était déjà reçu par la grande majorité des communautés chrétiennes. Nous savons que les évangiles canoniques ont été reconnus assez tôt; on peut lire des auteurs témoignant de leur importance dès la première moitié du IIe siècle. Par exemple, vers 150 de notre ère, un certain Marcion, considéré par plusieurs Pères de l’Église comme étant un hérétique, constitue son propre canon du Nouveau Testament. Il est composé d’une version modifiée de l’Évangile selon Luc et de 10 épîtres de Paul. À cette même époque, Justin Martyr cite dans son Apologie des paroles tirées des mémoires des apôtres, aussi appelées Évangiles (Apologie I, 66). Même si Justin ne précise pas de quels évangiles il s’inspire, il s’agit tout de même de paroles que l’on retrouve dans les évangiles canoniques. Quelques années plus tard, certains estiment nécessaire d’établir une liste de textes reconnus, probablement en réaction au maigre canon modifiée de Marcion. Le Canon de Muratori, écrit en latin, est composé entre 170-200 de notre ère. Le fragment débute au milieu d’une phrase mentionnant Luc comme étant « le troisième livre de l’Évangile » et Jean comme « le quatrième des évangiles ». Sans aucun doute, la portion mutilée de l’introduction parlait des deux premiers évangiles, c’est-à-dire Matthieu et Marc. Dans la même lignée, Irénée de Lyon (vers 185) insiste sur la délimitation de quatre évangiles en ces termes:
À cette période circule également le Diatessaron (signifiant à travers les quatre). Le Diatessaron est une harmonie des quatre évangile rédigé vers 172 de notre par un dénommé Tatien. Il entreprend ce travail pour tenter d’harmoniser les différents point de vues exprimés par les récits des évangiles. Ce qui importe à souligner c’est que le Diatessaron a été constitué à partir des quatre évangiles canoniques. L'historien ecclésiastique Eusèbe Pamphile de Césarée (vers 265–339). D’autres auteurs chrétiens aux IIIe et IVe siècles seront du même avis en ce qui a trait au nombre et à la désignation spécifique d’évangiles reconnus. Origène dira dans son Commentaire sur l’Évangile selon Matthieu qu’il n’y a que quatre évangiles – les seuls n’étant pas contestés par l’Église de Dieu – et ils sont : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Eusèbe de Césarée, qui publie son Histoire ecclésiastique dans le premier quart du IVe siècle, répertorie un nombre de livres sous les catégories suivantes : (a) les livres reconnus, c’est-à-dire ceux acceptés par la majorité des chrétiens; (b) les livres débattus, c’est-à-dire ceux reconnus par certains et rejetés par d’autres; (c) les livres illégitimes, c’est-à-dire ceux écrit sous un pseudonyme et qui ne doivent pas être acceptés; (d) les livres rejetés, c’est-à-dire ceux reconnus comme des contrefaçons qu’il faut éviter. À l’instar des auteurs chrétiens qui l’ont précédé, Eusèbe considère les évangiles canoniques comme faisant partie des livres reconnus par la grande majorité des croyants de son époque. Mais on remarque toutefois qu’il y a encore un questionnement au sujet du canon trois siècles après la composition des textes originaux du Nouveau Testament. Ce n’est finalement qu’en 367 de notre ère, dans sa Lettre festale 39, qu’un dénommé Athanase dresse une liste des livres du Nouveau Testament reconnus et acceptés de tous les croyants. Le contenu de sa liste correspond à notre propre canon néotestamentaire. Note[1] L’expression « canon » est employée pour parler d’un corpus de textes reconnu comme règle à suivre en matière de pratique et de croyance. Le terme « canon » est un mot grec d’origine sémitique et signifie « règle » ou « mesure ». Lire aussi : Chronique précédente : |
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