(photo © ACRB)
Récitatif biblique en visioconférence
Hélène Pinard et Hélène Boudreau | 28 juin 2021
En ce temps de pandémie, l’Association canadienne du récitatif biblique (ACRB) a décidé d’offrir des sessions en mode virtuel. La discipline du récitatif biblique étant avant tout de tradition orale, la mise en œuvre de cette décision présentait plusieurs défis pour passer d’un mode de transmission « en présentiel » à un mode de transmission virtuel.
Dans un premier temps, il a fallu trouver des moyens techniques et de l’équipement performant pour ensuite s’habiliter à les utiliser. Le choix des récitatifs s’est fait en ciblant des récitatifs de longueur ajustée au temps de session restreint. Il y a eu trois sessions différentes entre octobre 2020 et mars 2021 [1]. Ces trois sessions virtuelles ont aussi permis à des membres de l’ACRB qui vivent en régions éloignées ou en Europe de participer et d’apprendre de nouveaux récitatifs.
Au fil des sessions, plusieurs ajustements se sont imposés. Chaque session a été offerte en deux ateliers distincts, à quelques semaines d’intervalle ; il y a eu plusieurs envois de documents avant le premier atelier et entre les deux ateliers. Afin de favoriser l’apprentissage du récitatif (savoir-faire), la vitamine biblique (savoir) et l’intégration (savoir-être), un accompagnement à distance des participants lors de rencontres individuelles ou en petits groupes a été possible entre les deux ateliers.
Pour soutenir le savoir-faire
Les enregistrements audio ont été envoyés avant la session aux personnes inscrites afin de favoriser l’apprentissage des gestes durant les sessions. Plusieurs participantes ont indiqué que le fait de pouvoir apprendre la mélodie avant, supplée au manque de temps durant la session.
« (Avec) l’apprentissage en ligne, c’est important que les bouchées de souffle soient extrêmement courtes et chantées lentement. » (FH)
« Merci d’avoir repris le récitatif de nombreuses fois. C’est vraiment le cœur de la rencontre. » (JH)
« Le temps de pratique avant les rencontres est particulièrement important. Lors de l’apprentissage en groupe, pendant (l’atelier), je suis plus disponible pour comprendre le sens des gestes. » (GG)
« [...] réviser ensemble entre les rencontres, les arrêts sur gestes et les répétitions ont beaucoup contribué à mon apprentissage. » (SG)
« Au point de vue corporel, ce qui est important pour moi c’est de connaitre les gestes et le pourquoi de certains gestes : j’apprécie les explications qui mettent le geste en contexte avec le contenu de la parole. » (SD)
Pour nourrir le savoir
Les participants ont reçu par courriel les vitamines bibliques présentées lors de chaque atelier. Dans les évaluations, nous pouvons lire les commentaires suivants :
« La diversité des textes et les points ciblés (aident) à creuser, comprendre, analyser et partager. » (JDR)
« […] les documents complémentaires élargissent nos connaissances et enrichissent nos cheminements personnels. » (FG)
« Les différents auteurs, me disent qu’il n’y a pas qu’une seule interprétation d’un texte. Ça me démontre que le texte est vivant et qu’à différents moments de ma vie, il aura une signification différente. » (MB)
« J’ai beaucoupapprécié cette démarche de chercher, saisir et comprendre davantage le texte, dans ce contexte préparatoire. Ce fut pour moi, une appropriation dynamique favorisant l’intégration jumelée à la compréhension. » (GG)
« La rencontre facultative est idéale ; puisque nous sommes moins nombreux […], on peut se permettre des échanges plus approfondis, des partages plus intimes et poser des questions sans gêne. » (SD)
Pour favoriser le savoir-être
Même à distance, il est possible de travailler le savoir-être. Pendant les ateliers formels en ligne, la mise en route corporelle a été appréciée Une participante a écrit :
« J’aime beaucoup le temps de mise en route avec les exercices physiques que nous fait faire Hélène B. Ils préparent à l’intégration par le corps et petit à petit nous amènent au cœur du texte. » (JDR)
Les appreneurs ont pu vivre des arrêts sur gestes profonds et porteurs de sens.
« J’aime beaucoup les arrêts sur gestes qui permettent d’une manière privilégiée de relier le texte au vécu émotionnel et corporel qu’il déclenche. » (AMC)
Les activités d’intégration ont également porté fruit :
« Une activité (d’intégration) […] est venue me rejoindre profondément. Ces activités sont nécessaires pour unifier l’apprentissage et les vitamines. (SG)
« Elles m’ont permis d’arrêter, (de me rendre) présente à la relation au Seigneur. » (SG)
« Dans les moments d'intériorisation, je découvre comment la Parole s’exprime dans ma vie personnelle, dans mon affectivité, dans ma démarche de foi. Je me permets de réfléchir sur l’impact de la Parole, dans mon cheminement. » (SD)
Pour célébrer en visioconférence
Lors de la session Passion « Porter derrière Jésus », il y a eu un moment consacré au Rouleau de la mémoire [2] et à une célébration de fin de session.
« La simplicité du geste d’allumer les bougies, la beauté du visuel du cœur en bois m’ont rejointe. » (SG)
« C’est la première fois que, (en ligne), le récitatif biblique arrive à toucher autant de gens sur plusieurs plans à la fois : émotionnel, spirituel, rythmique, physique et celui des connaissances intellectuelles. J’ai été fortement touchée par la sincérité des personnes et leur parcours pour ces quelques versets si touchants de la Célébration de la Passion en lien avec « porter derrière Jésus ». TOUTE LA CÉLÉBRATION CONCORDAIT À FACILITER L’INTÉGRATION. » (JDR)
Pour conclure
Sur le plan technique, de façon virtuelle, « nous avons découvert des possibilités nouvelles et apprécié les rencontres internationales que cela permet. » (JDR)
« Ça ne remplace pas une session de récitatif vécue « en personne », mais ça nous permet de garder vivante notre communauté récitante. » (AMC)
« Ce qui a été le plus précieux est de pouvoir revoir des membres de la communauté récitante, d’entendre ce que toutes ces personnes vivent en ce temps de pandémie, accueillir ce qui les a touchées dans la Parole et également pouvoir partager mon propre vécu. En mettant l’accent sur ces dimensions d’échange et de partage, je pense que l’essentiel a été sauvegardé. Tout ce qu’il fallait pour l’apprentissage avait très bien été mis à notre disposition. J’ai beaucoup aimé aussi les deux moments où nous avons récité ensemble… Je me sentais avec les autres, en communion, même si nous étions chacune chez soi. » (AMC)
Que ce soit en ligne ou en présentiel :
« Au point de vue spirituel, c’est primordial que l’apprentissage du récitatif me permette d’approfondir ma foi. Pour moi, le récitatif c’est un outil que me permet de recevoir le Souffle de l’Esprit Saint, d’une façon qui ne serait possible autrement. » (SD)
Hélène Pinard, FCSCJ, est bibliste et transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique. Hélène Boudreau est aussi transmetteure de l’Association.
[1] « Quand l’impensable s’est produit » avec le récitatif Rm 8,35-39 : « Qui nous séparera de l’amour du Christ… ». Ensuite, ce fut la session Trouver la bonne part avec Marie… et Marthe (Lc 10,38-42) suivie de la session Passion « Porter derrière Jésus » avec le récitatif Lc 23,26-31 : « Quand ils l’emmenèrent… »
[2] L’ACRB fait mémoire de ses membres décédés par le Rouleau de la mémoire.