INTERBIBLE
Les Écritures
les évangiles de l'ACÉBACla Bible en français courantexplorationglossairesymboles
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Les mots pour le dire
  image

Imprimer

chronique du 9 mars 2012

 

Jeûner

Le Christ au désert

Le Christ au désert
Ivan Kramskoï (1837-1887)
Huile sur toile, 1872
Galerie Tretyakov, Moscou
(photo : Wikipedia)

Hébreu : tsoum
Grec : nèsteuo

Dans la région du Proche-Orient ancien, le jeûne était probablement lié à un rituel d’exorcisme et/ou de rituels magiques pour avoir les faveurs de la divinité.

     À plusieurs endroits dans la Bible, on parle de s’abstenir de manger ou même de boire. Les circonstances peuvent être un deuil, un malheur national, pour demander une guérison, pour implorer le pardon pour se préparer à une tâche à accomplir et même pour obtenir une victoire militaire.

     Parfois il s’agit d’un geste rituel pour se rappeler l’humilité à avoir devant Dieu. Il représente l’abandon à Dieu d’une personne qui ne compte plus que sur son secours.
Avant le VIe siècle, les jeûnes sont vécus de façon individuelle. C’est à partir de l’Exil à Babylone lorsque le peuple de la Bible perd son Temple, sa terre, sa royauté qu’on institut différents jeûnes communautaires soit pour commémorer les désastres nationaux ou pour le jour du Grand Pardon, le Yom Kippour (Lv 16,29).  

     Les prophètes vont souvent dénoncer l’hypocrisie des jeûnes trop formels et vides de sens. Ils interpellent le peuple à faire de vraies démarches pour montrer son humilité et revenir vers Dieu.

     Bien qu’on voie Jésus jeûner lors des tentations (Mt 4,2), il se relie aux discours des autres prophètes dénonçant la manière dont certains Juifs jeûnaient (Mt 6,16). On reprochait à Jésus le fait que ses disciples ne jeûnaient pas comme ceux de Jean Baptiste (Mc 2,18). Dans son ensemble, le Nouveau Testament semble montrer moins d’importance aux jeûnes que l’Ancien Testament.

Constatez-le vous-mêmes : jeûner ne vous empêche pas de saisir une bonne affaire, de malmener vos employés, ni de vous quereller ou de donner des coups de poing! Quand vous jeûnez ainsi, votre prière ne m'atteint pas. Est-ce en cela que consiste le jeûne tel que je l'aime, le jour où l'on se prive? Courber la tête comme un roseau, revêtir l'habit de deuil, se coucher dans la poussière, est-ce vraiment pour cela que vous devez proclamer un jeûne, un jour qui me sera agréable? Le jeûne tel que je l'aime, le voici, vous le savez bien : c'est libérer les hommes injustement enchaînés, c'est les délivrer des contraintes qui pèsent sur eux, c'est rendre la liberté à ceux qui sont opprimés, bref, c'est supprimer tout ce qui les tient esclaves. C'est partager ton pain avec celui qui a faim, c'est ouvrir ta maison aux pauvres et aux déracinés, fournir un vêtement à ceux qui n'en ont pas, ne pas te détourner de celui qui est ton frère. Alors ce sera pour toi l'aube d'un jour nouveau, ta plaie ne tardera pas à se cicatriser. (Is 58,3-8)

     À la lumière de ces informations et de ce texte percutant du prophète Isaïe, il faut se demander pourquoi et comment jeûner aujourd’hui. Souvent le jeûne du carême ressemble davantage à une diète dont l’objet est de perdre du poids plutôt qu’à une préparation à la fête de la résurrection.

Sébastien Doane

Article précédent :
Connaître