chronique du 26 avril 2002
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Jour du Seigneur Hébreu : yôm Yahweh L'expression « Jour du Seigneur » fait référence pour nous au premier jour de la semaine, au dimanche. C'est le jour où nous nous rassemblons pour célébrer, par l'Eucharistie, la résurrection de Jésus. Cette appellation du dimanche ne doit pas être confondue avec l'usage que l'on fait de l'expression « Jour du Seigneur » ou « Jour de Yahweh » dans l'Ancien Testament et à l'occasion dans le Nouveau. Si on en croit la prédication des prophètes, le « Jour du Seigneur » passait pour être, aux yeux de la population, un jour où Dieu, en se manifestant, apporterait la bénédiction et le salut à son peuple. Mais les prophètes déclarent au peuple qu'il se trompe: le « Jour du Seigneur » sera plutôt un jour de jugement. Laissons le prophète Amos s'expliquer là-dessus: « Malheur à ceux qui soupirent après le jour de Yahweh! Que sera-t-il pour vous, le jour de Yahweh? Il sera ténèbres, et non lumière. Tel l'homme qui fuit devant un lion et tombe sur un ours! Il entre à la maison, appuie sa main au mur, et un serpent le mord! N'est-il pas ténèbres, le jour de Yahweh, et non lumière? Il est obscur et sans clarté! » (Amos 5, 18-20). Les prophètes, ces grands défenseurs de la fidélité à l'Alliance et de la rectitude morale, mettent Israël en garde contre la sécurité à toute épreuve qu'il trouve dans son identité de peuple choisi. Porté trop facilement à considérer les autres peuples comme des ennemis de Dieu, Israël pouvait se sentir immunisé contre la colère de Dieu. Les prophètes crient haut et fort qu'être partenaire de Dieu implique la fidélité aux exigences de l'Alliance, la pratique de la justice, le respect du droit des pauvres et des faibles. Dans la pensée des prophètes, le « Jour du Seigneur » est ambivalent: il est punition pour ceux qui sont infidèles à l'Alliance, salut pour ceux qui respectent leurs engagements ou qui se convertissent. Le « Jour du Seigneur » prend alors une dimension eschatologique, c'est-à-dire qu'il est mis en relation avec une intervention salvifique de Dieu au terme de l'histoire. Si la mention du « Jour du Seigneur » fait trembler, il suscite quand même l'espérance du salut pour les gens qui vivent en harmonie avec le projet de Dieu ou pour Jérusalem menacée par ses ennemis: « Yahweh rugit de Sion, de Jérusalem il fait entendre sa voix; les cieux et la terre tremblent! Mais Yahweh sera pour son peuple un refuge, une forteresse pour les enfants d'Israël! » (Joël 4, 16). Le Nouveau Testament reprend l'idée du « Jour du Seigneur » et l'identifie au retour du Christ qui mettra fin à l'existence même du mal et de la mort. Cette manifestation ultime du Seigneur se traduira par la résurrection des morts. C'est alors que seront inaugurés les cieux nouveaux et la terre nouvelle, selon l'expression chère au livre de l'Apocalypse. Une question s'est alors posée pour les premiers chrétiens: quand aura lieu ce Jour? Certains le croyaient imminent; d'autres cherchaient à voir dans les épreuves et les persécutions, ou dans les bouleversements de la nature, des signes avant-coureurs de la venue du « Jour du Seigneur ». Les appels au réalisme indiquent cependant que le « Jour du Seigneur » ne doit pas être perçu comme une simple date sur un calendrier. Il s'agit d'un jour ultime plutôt que dernier. On rapproche alors l'expression de l'uvre du salut qui a commencé avec la résurrection de Jésus et s'étend dans le temps jusqu'à la manifestation ultime de Dieu. Entre ces deux moments, Dieu est actif dans le déroulement de l'histoire et conduit le monde à son achèvement, à la plénitude du Royaume de Dieu, où Dieu sera tout en tous. Yves Guillemette, ptre
Pour lire la Bible sur le Jour du Seigneur... Jour de jugement: Amos 2,13-16; 5,18-20; Joël 4,9-14; Ezéchiel 7,7-17; Malachie 3,2-5.19-21. Parole
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