chronique du 21 septembre 2001
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Chair/corps
Dans l'Ancien Testament, le mot « chair » (basar) désigne le corps vivant et, en conséquence, l'être humain tout entier en tant que créature de Dieu. Il n'y a donc rien de péjoratif dans la conception que l'on se fait de la chair puisqu'elle a été créée par Dieu. D'ailleurs le Fils de Dieu prendra notre condition humaine. La formule « toute chair » signifie « tout être vivant ». Quand on dit par exemple que toute chair verra le salut de Dieu, on sous-entend que le salut de Dieu s'adresse à tout homme. De façon plus spécifique, on utilisera le mot pour désigner un individu, une personne. L'expérience montrant que l'être humain est fragile, la « chair », évoque alors sa faiblesse et sa vulnérabilité. Le mot « chair » est parfois utilisé en composition tantôt avec le mot « sang », tantôt avec le mot « os ». L'expression « la chair et le sang » désigne de façon plus complète l'être vivant: la « chair » évoque sa dimension matériel et le « sang », en tant que siège de l'âme, fait allusion à la vie proprement dite. En d'autres endroits, le couple « la chair et le sang » signifie la parenté par le sang, surtout celle existant entre les frères et soeurs, puis par la suite l'union matrimoniale. Quant à l'expression « l'os et la chair », elle peut désigner l'être tout entier, mais également les liens qui unissent les membres d'un même clan ou d'une même tribu, et aussi l'étroite communion existant entre l'homme et la femme. Nous sommes habituellement portés a identifier la chair et le corps, en raison du fait que la perception immédiate que nous avons de notre corps est sa dimension charnelle. Dans un certain sens, nous nous situons dans la tradition biblique de la conception de l'homme, puisque, dans la langue hébraïque, un seul mot (basar) désigne ces deux réalités. Toutefois, les gens de la Bible ne vont pas jusqu'à les confondre totalement. Ils ne possèdent pas un corps, mais ils sont un corps où se compénètrent les dimensions charnelle et spirituelle. Fait à signaler, pour eux la chair n'a aucune connotation péjorative. En ce qui nous concerne, il faut reconnaître que le discrédit jeté sur la « chair » a son origine dans la philosophie grecque, surtout celle de Platon. Celui-ci considérait que le corps charnel était une prison pour l'âme et que toute la vie devait se passer à maîtriser ce corps par trop asservissant. Cette conception a eu une certaine influence sur la pensée de saint Paul Cependant, dans sa réflexion sur la résurrection, Paul est demeuré fidèle à la tradition biblique selon laquelle le corps, comme agent de relation au monde extérieur et à Dieu, est voué à la résurrection, du fait qu'il sera assumé par l'Esprit de Dieu qui est un Esprit créateur et vivifiant Même si la chair se putréfie, l'être corporel demeure. Contrairement à la langue hébraïque, la langue grecque utilise un terme distinct (sôma) pour parler du « corps » Il faut signaler ici que dans la pensée hébraïque, il n'y a pas d'opposition entre le corps et l'âme. Il en résulte que les différents organes du corps, à cause de leurs réactions aux émotions, se voient attribuer les sentiments et les pensées qui, pour nous, relèvent de l'activité psychique. Par exemple, le foie est considéré comme le siège de la colère tandis que les reins, de la vigueur physique. L'admirable unité du corps humain et la diversité des fonctions de ses organes serviront de modèle à saint Paul pour évoquer la communion et la diversité des ministères dans la communauté chrétienne. Yves Guillemette, ptre Pour lire la Bible sur la chair désignant le corps humain: Actes 2, 31; Galates 4, 23; l'être vivant: Genèse 6,17; Luc 3, 6; Jean 17, 2; l'individu: Psaume 38, 4 et 8;
Âme
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