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Comprendre la Bible
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chronique du 29 janvier 2010

 

Une Bible, quelques canons et plusieurs traductions

QuestionJ’ai remarqué dans une réunion de partage biblique que nos bibles n’étaient pas tout à fait les mêmes. Pourquoi est-ce que toutes les bibles ne sont pas pareilles? (Serge, Laval)

RéponsePlusieurs éléments font que les bibles ne sont pas toutes pareilles. D'abord, vous avez peut-être déjà fait l'expérience de lire ou d'entendre différentes traductions d'un même passage biblique. Comme les manuscrits que nous avons sont écrits en hébreu ou en grec, nous devons les traduire.

     Bien entendu, il y a plusieurs façons de traduire un texte. Certaines traductions de la Bible tentent de rester littérales, comme la traduction d'André Chouraqui. D'autres ont une approche visant la simplicité et la clarté du langage comme la traduction de la Bible en français courant. La Bible Nouvelle Traduction se démarque par sa visée de rendre le texte d'une façon plus littéraire. Finalement, il y a des traductions qui visent l'étude de la Bible, avec beaucoup de notes de bas de page comme la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) et la Bible de Jérusalem. Il y a donc différentes traductions puisqu'il y a différents objectifs de traduction et qu'il y a diverses manières d'exprimer une même idée dans une langue.

     En plus des différences de traduction, il y a des distinctions dans la sélection des livres contenus dans la Bible. La liste de ces livres retenus est appelée « canon » du mot grec kanôn signifiant règle. La grande majorité des livres bibliques se retrouve dans toutes les bibles. Par contre, certains livres écrits en grec provenant du judaïsme tardif se retrouvent dans les bibles catholiques, alors qu'ils sont absents des bibles protestantes et hébraïques [1].

     Les catholiques reconnaissent ces livres comme deutérocanoniques, c'est-à-dire admis secondairement dans le canon, alors que les protestants les désignent comme apocryphes et ne les admettent pas dans leur canon. Il faut aussi dire qu'il y a d’autres divergences dans les canons des Églises orientales.

     L'histoire de la fixation du canon est très complexe d'autant plus qu'elle concerne les religions juive et chrétienne ainsi que les différents regroupements de ces religions.
Les catholiques et les orthodoxes gardent plutôt la liste de la Septante, cette première traduction en grec de ce qu'on appelle aujourd'hui l'Ancien Testament. Cette traduction était employée par les communautés juives et chrétiennes du Ier siècle.

     Au IIe siècle, les autorités juives retravaillent le canon juif pour différentes raisons, dont l'interprétation chrétienne des Écritures. Par exemple, le Talmud nous transmet des discussions qui ont eu lieu pour savoir si on devait garder ou exclure le Cantique des cantiques du canon juif. Le canon juif qui est sorti de ces discussions est dit « massorétique », du nom de ses derniers éditeurs les « massorètes » (groupe d'érudits et de scribes du IIe siècle au IXe siècle).

     Les bibles protestantes ont choisi de prendre la même liste que ce canon juif. Les livres de l'Ancien Testament, dont on dit qu’ils n'auraient pas été écrits originellement en hébreu, les apocryphes ou deutérocanoniques sont donc exclus de cette liste.

     En résumé, il y a une diversité de bibles, mais malgré les différences, ces bibles restent fort similaires.

[1] Le livre de Judith, le livre de Tobie, le premier et deuxième livre des Maccabées, le livre de la Sagesse, l'Ecclésiastique ou le Siracide et la lettre de Jérémie. Des passages du livre de Baruch, du livre d'Esther et du livre de Daniel.

Sébastien Doane

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Les manuscrits de l'Ancien Testament