chronique du 2 mai 2008 |
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Les représailles de Lamek : se venger 77 foisDans la Genèse, il est écrit : « Lamek dit à sa femme : Ada et Cilla entendez ma voix, femme de Lamek, écoutez ma parole. J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. C’est que Caïn est vengé 7 fois, mais Lamek 77 fois. » (Gn 4,23-24) Que signifie ce dialogue? (Albert) Il s’agit là d’un vieux chant guerrier. C’est le premier exemple que nous ayons de poésie hébraïque. On l’appelle « le chant de Lamek ». C’est un appel à la vengeance. Il revendique, pour une offense faite, une vengeance sans limite. À cette époque, on pouvait exercer une vengeance largement supérieure à l’offense. La loi du Talion, provenant du Code de Hammourabi, limitera cette vengeance en demandant de ne pas exercer une sanction qui la dépasse. C’est ce que nous avons dans le fameux dicton : « Œil pour œil, dent pour dent. » (Ex 21,24) Qui est mort, ou qui doit mourir, dans ce chant? Certains commentateurs voient dans ce texte la présence d’un seul meurtre : celui de Caïn par Lamek, son septième descendant. La Aggadah juive, dit que Lamek aurait tué Caïn à la septième génération (une génération étant ce qui sépare la naissance d’un homme à la naissance de son enfant), ce qui signifie que Dieu aurait suspendu son jugement sur Caïn pendant sept générations; mais la Aggadah pense également que Lamek aurait aussi tué en même temps, par inadvertance son propre fils. Prenant ses femmes (premier cas de polygamie dans la Bible) comme témoins, il leur dit que si Caïn a été puni à la septième génération pour un crime qu’il a commis volontairement, lui ne sera puni qu’à la soixante-dix-septième génération, puisqu’il ne l’a pas commis volontairement. D’autres commentateurs comprennent que Caïn et Lamek sont tous les deux morts et ils ont été, tous les deux, vengés. Tubal Caïn étant l’ancêtre des forgerons (Gn 4,22), ils ne manqueront effectivement d’armes pour être vengés. Ce récit pointe donc peut-être sur le développement du mal dans le monde. Disons, pour terminer, que Jérôme a interprété l’effacement de la faute de Lamek à la soixante-dix-septième génération, par la venue du Christ.
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