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chronique du 14 décembre 2007

 

Les psaumes et l’histoire

David dictant les psaumes

Henri de Triqueti (1803-1874)
David dictant les psaumes sous l'inspiration divine,
dessin préparatoire pour le décor de la chapelle
du Prince Albert au château de Windsor
Pierre noire, sanguine, plume, encre brune, lavis d’encre brune,
lavis d’encre de Chine, aquarelle, rehaut de blanc -
22, 6 x 29, 5 cm
École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris
(photo : ENSBA)

QuestionPouvez-vous m’informer à propos des psaumes? Y a-t-il des liens entre les psaumes et le culte au temple?

RéponseUne première réponse rapide pourrait affirmer tout simplement que tous les psaumes sont liés au culte du temple. Afin d’expliquer cette réponse, il faut rappeler ce qu’est un psaume et tenter de les situer dans l’histoire.

Qu’est-ce qu’un psaume?

     Un psaume est avant tout un chant. Les 150 psaumes que nous possédons dans notre Bible sont donc des chants dont on ne possède que le texte sans mélodie. Mais, il y a pire. On n’a pas non plus les circonstances qui ont amené la composition des psaumes, mais on peut les deviner. En effet, quand chante-t-on? Surtout quand on est joyeux ou quand on est triste. C’est ainsi que, dans la Bible en dehors du livre des psaumes, il y a divers chants (appelés « cantiques ») insérés dans leur contexte. Dans un contexte d’action de grâce, il y a Ex 15 (après la traversée de la mer Rouge), Jg 5 (après la victoire de Débora et Baraq), 1 S 2 (après la naissance de Samuel); Is 38 (après la guérison du roi Ézékias), Dn 3 (le cantique des trois enfants), Jon 2 (après la libération de Jonas), Lc 1 (cantiques de Zacharie et de Marie). Dans un contexte de lamentation ou d’épreuve, il y a 2 S 1 (élégie sur la mort de Saül et Jonathan). On dit souvent en exégèse que ces cantiques sont des ajouts tardifs, surtout parce qu’ils parlent souvent de l’événement en termes généraux. La raison en est simple : si on veut que le chant serve à d’autres personnes dans des circonstances semblables, il ne doit pas être trop explicite ou détaillé. Les cantiques expriment donc habituellement l’essentiel de l’expérience pour que d’autres puissent se l’approprier.

     Nous possédons 150 cantiques hors contexte, les psaumes. Il nous faut donc suppléer ce contexte original d’après leur contenu. Cela n’est pas vraiment difficile, puisque les psaumes parlent des expériences humaines fondamentales dont nous avons parlé. Ils abordent donc des joies et des peines de la vie, en termes suffisamment généraux pour que d’autres personnes se les approprient.

     Dans ces circonstances, on comprend que les psaumes soient tous associés au culte. C’est en effet dans le culte qu’on remercie Dieu ou qu’on le prie au moment de l’épreuve. Ainsi, soit qu’un psaume ait été composé par des « laïcs » ou écrit directement par les prêtres, il a traversé les siècles parce qu’il a été relu et chanté par de nombreuses autres personnes au long des siècles.

Datation des psaumes

     Bien que la tradition ait aimé attribuer tous les 150 psaumes à David, la critique biblique a vite montré que cette attribution n’était pas possible. Rien n’est plus difficile à dater que ces morceaux de littérature liturgique (si on admet qu’ils le soient tous), par définition anonymes et impersonnels. Rien d’étonnant, par conséquent, à ce qu’il y ait, sur cette question, des opinions très divergentes. On peut reconnaître, sans tomber dans des simplifications excessives, deux tendances qui dominent l’exégèse contemporaine.

     Pour les uns, les psaumes, fortement influencés par les prophètes, dateraient au plus tôt de la fin de la royauté (autour de l’an 600 avant Jésus-Christ), et beaucoup seraient postérieurs à l’exil (autour de l’an 520 avant Jésus-Christ). À une époque tardive, des scribes, qui auraient rapporté de Babylonie une érudition tout à fait nouvelle, faite de souvenirs de l’antiquité et de connaissance des littératures étrangères, auraient introduit dans les psaumes des images, des allusions aux légendes du passé, voire des restes d’une mythologie païenne désormais inoffensive pour la foi. Ainsi s’expliqueraient nombre de traits d’un apparent archaïsme, qui auraient donné le change à de nombreux commentateurs, les amenant à considérer comme anciennes des pièces récentes revêtues d’un archaïsme artificiel.

     D’autres commentateurs, au contraire, insistent fortement sur les rapports que l’on soupçonne entre les psaumes et l’organisation cultuelle en Israël. Nul ne doute que la liturgie israélite ne remonte au moins aux origines du temple, aux époques davidique et salomonienne. Or, une telle organisation a certainement donné naissance, très tôt, à une poésie religieuse qui s’est transmise de génération en génération en se modifiant et en s’accroissant selon l’évolution du goût et le progrès de la révélation.

     La difficulté, c’est que toute poésie de ce genre est par définition anonyme et fluctuante. Les auteurs disparaissent derrière les œuvres qui s’adaptent et évoluent. Les psaumes que nous possédons représentent un dernier état des poèmes dont certains sont anciens mais dont il est difficile, voire impossible, de retracer l’histoire.

Hervé Tremblay

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