chronique du 13 mai 2005 | |||||
Lazare et son
séjour au tombeau Duccio di Buoninsegna J'aimerais savoir s'il y a quelque chose d'écrit sur les quatre jours que Lazare a passé au tombeau. Notamment, est-ce qu'il a raconté son expérience de ces quatre jours? Je suis seulement curieux. (Claude) Je pense que c'est la conclusion de votre question qui donne la clé de la réponse. « Je suis seulement curieux. » Certes, la curiosité est une bonne chose et elle est normale, mais elle peut jouer de mauvais tours quand on lit la Bible. C'est ainsi que les premiers chrétiens ont lu les évangiles canoniques (Marc, Matthieu, Luc et Jean) et se sont posés un tas de questions surtout sur l'enfance de Jésus. Selon eux, les évangiles de l'enfance en Mt et Lc n'en disaient pas assez. Ils ont donc composé ce qu'on appelle les évangiles « apocryphes », c'est-à-dire non reconnus comme canoniques ou normatifs par la communauté croyante. Dans ces écrits, on complète, on satisfait la curiosité, on invente, mais ce n'est pas toujours de bon goût et parfois c'est franchement bizarre. Il est donc essentiel de prendre le message biblique comme il est. L'écrit nous dit ce que les auteurs veulent nous dire, et seulement ça. Cela dit, les questions sont certainement pertinentes. L'intelligence humaine ne doit certainement pas abdiquer devant le texte inspiré, mais se poser les bonnes questions. Dans le cas qui nous occupe, il faut regarder le genre littéraire du passage. Une parabole, par exemple, a sa cohérence propre. Comme on sait, dans une parabole, chaque élément correspond à une réalité « cachée ». Si on prend Mt 25,1-13 (la parabole des dix jeunes filles), on sait que les jeunes filles représentent les croyants, l'huile la fidélité, etc. Il ne faut donc pas poser des questions comme : « Comment se fait-il que les jeunes filles sages disent aux insensées d'aller s'acheter de l'huile chez les marchands en pleine nuit, alors qu'ils sont fermés? » ou encore : « Les jeunes filles sages ont manqué de charité parce qu'elles ont refusé de partager leur huile avec celles qui en avaient besoin », etc. En posant ce genre de questions, on lit le récit non pas pour ce qu'il est, une parabole, mais comme un documentaire historique ou un article de journal, et on passe complètement à côté du message. Dans ce cas-ci, il faut plutôt se demander ce que représente cette huile qu'on ne peut pas donner à quelqu'un d'autre ou partager. L'élément important ici, c'est donc que l'huile représente quelque chose de personnel, propre à chaque personne. J'arrive au récit de la résurrection de Lazare de Jn 11. La mention des quatre jours ne veut que signifier combien le miracle de Jésus est éclatant et combien sa puissance est grande. Quelqu'un qui est mort depuis quatre jour, sans embaumement, est déjà dans un état de décomposition avancé (« Seigneur, il sent déjà... » Jn 11,39). Le détail des quatre jours est indiqué pour prouver la réalité de la mort de Lazare (personne ne pourra dire qu'il n'était pas vraiment mort et qu'il aurait pu se réveiller tout seul). Maintenant, si ce récit est historique, c'est-à-dire s'il s'est vraiment passé, il est légitime de se demander ce que Lazare a vécu comme expérience durant ces quatre jours. Mais il est évident que la discrétion s'impose ici et que l'auteur ne veut pas nous en parler. La mort et l'au-delà sont toujours traités avec discrétion dans la Bible. Il faut laisser la place au mystère et à ce qui nous échappe. La foi ne prétend pas donner tous les détails sur ces questions, loin de là! En conclusion, il est donc très important de lire les récits bibliques pour ce qu'ils sont, autrement on passe à côté du message. Hervé Tremblay, OP Article précédent
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