chronique du 17 décembre 2004 | |||||
Pourquoi Jésus
n'appelle-t-il pas Marie « maman »? Pourquoi pas maman ou mère? Je n'ai vu nulle part dans le Nouveau Testament où Jésus a appelé Marie mère ou maman. Par contre il a utilisé « femme » deux fois. Que devons-nous comprendre à cela? (Bernard) Les
Évangiles ne sont pas une biographie de la vie de Jésus.
Ils sont centrés sur le dévoilement du mystère de
Sa personne. Marie, comme les disciples et les gens de la foule, n'échappe
pas à cette règle. On la voit, non pas à travers
le regard de Jésus, mais à travers le regard des évangélistes
dont le soucis était de parler de son Fils. Caravaggio Chacun des évangélistes a d'elle des perceptions différentes selon les fonctions qu'elle exerce dans leur théologie. Ils posent sur elle un regard de foi et non pas un regard historique. Matthieu lui donne un rôle important dans les récits d'enfance pour attester l'ascendance davidique de Jésus (Mt 1,16). C'est la raison pour laquelle il fait naître Jésus à Bethléem (Mt 2,1). Marc la désigne clairement dans sa fonction de mère (Mc 3,31-32) mais il l'associera aux gens de sa famille pour parler des leurs inquiétudes concernant le charisme de son Fils (Mc 3,20-30). Luc présente Marie comme croyante et disciple. Dans ses écrits, elle est la seule personne adulte qui fasse le pont entre l'enfance de Jésus et l'époque de son ministère. Il dit à deux reprises qu'elle « garde toutes ces choses dans son coeur » (Lc 2,19.51) et qu'« elle en recherchait le sens ». Pourtant les choix de Jésus ne sont pas ses choix de mère et on lui prédit qu'une épée lui transpercera le coeur. (Lc 2,35). Un jour une femme cria dans la foule : « Heureuse les entrailles qui t'ont porté. ». Jésus répondra : « Heureux celui qui écoute la Parole de Dieu et qui l'observe. » (Lc 11,27-28) Pour Jésus, Dieu était premier! Dans l'évangile selon Jean, Marie n'apparaît que deux fois, au début et à la fin de l'évangile et, à chaque fois, Jésus l'appelle « femme » (Jn 2,4; 19,26). Vous avez raison, ce n'est pas une façon normale d'appeler sa mère. L'appellation « femme » construit une distance entre eux et cette distance fait abstraction du lien qui les unit. Cela arrive deux fois : à Cana, où Jésus, au début de son ministère, est associé à ses disciples; à la Croix, où Il s'en retourne vers le Père, d'où il provient. Cette appellation de Jésus est pour Marie, une interpellation de foi où elle se voit dans l'obligation de dépasser le lien charnel qui l'unit à son enfant pour adhérer à son Fils en temps que Fils de Dieu. Yolande Girard Article précédent
: |
|||||
|
|||||