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chronique du 12 mai 2000

 

Paul misogyne?

QuestionEn lisant Paul, on a l'impression qu'il est parfois misogyne. Est-ce juste? (O. Tremblay)

RéponsePauvre Paul! Sa réputation de misogyne le suivra donc toujours. Bien des efforts ont pourtant été faits ces dernières décennies pour rétablir les faits et lui rendre justice. Mais on ne pourra jamais oblitérer des paroles comme: « Femmes soyez soumises à vos maris » (Ep 5,22); « Que les femmes se taisent dans l'assemblée » (1 Co 14,34); « Le chef de la femme, c'est l'homme » (1 Co 11,5). Mais a-t-il vraiment prononcé toutes ces paroles? On y reviendra.

     Que ces paroles ne nous fassent toutefois pas oublier des propos extrêmement avant-gardistes, voire féministes, de Paul, tels ceux de 1 Co 7,2-4 : « Que chaque homme ait sa femme et que chaque femme ait son mari. Que le mari remplisse ses devoirs envers sa femme et que la femme fasse de même envers son mari. Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, c'est son mari. De même ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, c'est sa femme. » Quelle belle réciprocité! Des paroles absolument renversantes dans une société où la femme n'avait aucun droit. Une telle affirmation d'égalité aurait certainement réjoui le coeur de nos grands-mères (et de nos mères peut-être).

     Plus encore, Paul affirme que, dans la foi chrétienne, « il n'y a plus ni homme, ni femme » puisque « tous égaux en Jésus, Christ ». Que penser aussi de la diaconesse Phoebe que Paul envoie à Rome, à la tête d'une délégation qui comprenait des hommes, bien sûr (Rm 16,1)? (Tient! Les femmes pouvaient être diaconesses au temps de Paul!) Que penser également des nombreuses collaboratrices de Paul, dont Prisca, qui semble avoir joué un rôle plus important que son mari Aquila (du fait qu'elle soit nommée en premier en Rm 16,3)?

     Bien sûr, cela n'enraie pas les paroles choquantes énoncées plus tôt, mais il y a tout de même des circonstances atténuantes. Disons d'abord que la citation d'Ep 5,22 n'est pas de Paul, puisque ce n'est n'a pas lui qui a écrit la lettre aux Éphésiens. Cette lettre aurait été écrite après sa mort, vers la fin du premier siècle, dans une Église qui s'institutionnalise et qui semble vouloir resserrer les contrôles. Et oui, il semblerait que les propos de Paul aient eu un effet de libération si grand chez les femmes que les dirigeants religieux ont tôt senti le besoin de limiter cette liberté.

« Que les femmes se taisent dans l'assemblée. » Il est fort possible, ici, que Paul cite une phrase de la lettre qu'il a reçue des Corinthiens afin de mieux la réfuter. D'ailleurs, Paul reprend régulièrement des questions ou affirmations de ses correspondants afin d'y répondre ou de les commenter (comme c'est le cas en 1 Co 6,12; 7,1; 15,35). Ici, c'est d'autant plus vraisemblable que quelques versets auparavant (v. 31), Paul reconnaissait que tous peuvent prophétiser dans l'assemblée; ce qui inclut les femmes évidemment (droit qu'il leur reconnaît d'ailleurs au chapitre 11, verset 5 de la même lettre). Or, comment pourraient-elles prophétiser si elles doivent se taire? Il se pourrait bien alors que des membres de la communauté corinthienne, en écrivant à Paul, aient réclamé qu'il avertisse les femmes de se taire. La façon dont il les rabroue au v. 36 le laisserait entendre.

     Quant à l'affirmation de 1 Co 11,3, elle reflète une vision hiérarchique que l'on ne peut nier. Mais le traitement de cette question requerrait beaucoup plus d'espace que nous en disposons ici. Rappelons seulement que Paul ne peut à lui seul transformer la société gréco-romaine et sa culture. Après tout, il a déjà fait plus que quiconque à l'intérieur des communautés chrétiennes. On peut penser cependant que, lorsqu'il invite les femmes à se couvrir la tête (vv. 5-6.10) pour prier et prophétiser à l'intérieur de l'assemblée, il souhaite qu'elles mettent toutes les chances de leur côté afin que leurs prières et leurs témoignages soient accueillis. En effet, si selon les coutumes, ce n'est pas socialement admis que les femmes aient la tête nue, elles risqueraient de miner leur propre crédibilité auprès de plusieurs si elles n'étaient pas coiffées. Le fait d'être coiffées seraient alors considéré par Paul comme « une marque de leur puissance » (v. 10, passage que nos bibles traduisent à tort par « une marque de leur dépendance »), c'est-à-dire que cela leur confère un pouvoir, celui d'être écoutées et d'instruire l'audience.

     Ces quelques paragraphes sont bien courts pour traiter d'un sujet aussi important. Retenons seulement que Paul a fait montre d'une ouverture peu commune dans la société de l'époque à l'égard des femmes, une attitude qui n'avait eu d'égale que celle de Jésus. Si, au cours des siècles, nos chefs religieux avaient poursuivi sur cette lancée, on peut difficilement imaginer tous les bénéfices qu'en aurait retirés la chrétienté.

Odette Mainville

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Les massacres dans l'Ancien Testament, parole de Dieu?