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chronique du 7 mai 1999

 

Pâque juive et Pâques chrétienne : un même calendrier ?

QuestionEst-ce que les premiers chrétiens célébraient Pâques en même temps que la Pâque des juifs : le 14 nisân selon leur calendrier? (N. Michaud)
 

QuestionIl faut d'abord savoir que les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) ne s'accordent pas avec l'évangile de Jean pour la date de la mort de Jésus. Selon les deux traditions, Jésus est mort un vendredi. Mais selon les synoptiques (voir Mc 14,12; Lc 22,8.11.15), Jésus a mangé la Pâque durant le repas du jeudi soir ou, plus exactement, après la première étoile inaugurant le vendredi. Il serait mort, alors, le vendredi après-midi en pleine fête de Pâque, le 15 nisân.

     Selon l'évangile de Jean, Jésus est mort le jour de la Préparation de la Pâque juive (donc avant cette fête), à l'heure où les agneaux devant servir au repas pascal étaient immolés dans le Temple -- c'est-à-dire le 14 nisân. Le samedi (15 nisân), le corps de Jésus reposait au tombeau et, « le premier jour de la semaine », qui deviendra le dimanche chrétien, le jour de la Résurrection du Seigneur (16 nisân).

     Au IIe siècle, les communautés d'Asie Mineure (Ephèse, Smyrne, etc.) célébraient toujours Pâques, quel que fût le jour de la semaine, le 14 nisân des juifs : à la pleine lune après l'équinoxe du printemps. Il commémorait alors le jour de la mort de Jésus. Ailleurs, à Rome en particulier mais aussi en Palestine, en Égypte, en Grèce, en Gaule, on célébrait toujours Pâques un dimanche (Jésus était ressuscité un dimanche) : soit le dimanche qui tombait le 14 nisân des juifs, soit le dimanche suivant, quand le 14 n'était pas un dimanche.

     Cette « querelle pascale » témoigne des usages liturgiques en cours dans diverses régions. Indirectement, elle révèle une différence dans la compréhension de la fête. En célébrant Pâques le 14 nisân, jour de la mort de Jésus, les communautés d'Asie Mineure entendaient, bien sûr, célébrer le mystère complet de la mort/résurrection du Seigneur. Mais, chez eux, l'accent était mis sur la mort de Jésus. Ailleurs, il soulignait plutôt sa Résurrection.

     La querelle faillit déchirer l'Église, vers 192, quand le pape Victor excommunia les Églises d'Asie Mineure. Grâce à l'intervention pacifiante de saint Irénée (faisant honneur à son nom: en gr. Eirènaios, de eirènè, « paix »), le pape retira son excommunication et la querelle s'apaisa au cours du IIIe siècle, avec la mort des grands évêques d'Asie qui se réclamaient de la tradition johannique (mort de Jésus le 14 nisân).

Jean-Paul Michaud

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Le pays de Nod et la femme de Caïn